Concept

Le Vinpressionnisme

Déguster avec les yeux et contempler avec les papilles: une fusion des sens. On dit que les mets ont les saveurs de leurs senteurs. Qu’en est-il des goûts des formes et couleurs? Peut-on illustrer un vin et ses qualités d’une composition visuelle et inversement? Autrement dit, peut-on se représenter une peinture à partir de la dégustation d’un vin, et imaginer un vin à partir de la contemplation d’une toile? 

C’est là l’ambition, le défi Vinpressionniste à travers cette collection qui vous est proposée. Chaque vin et chaque oeuvre sont sélectionnés et associés dans la recherche d’une harmonie des couleurs, des saveurs, de la transmission émotionnelle sur les plans organoleptiques, gustatifs, olfactifs, et visuels. 

Le « Vinpressionnisme » est une passerelle conceptuelle organoleptique entre un art visuel et un art gustatif, olfactif et visuel. Une définition, une vision, une approche nouvelle: nous sommes peut-être ici dans une étude de l’universalité à travers l’impressionnisme et le vin. Quelque part entre plaisir et fascination, c’est une vision du goût qui vous est proposée.

L’émotion au centre du sujet

S’agissant d’art, tous courants et toutes disciplines confondus, l’émotion est au centre du sujet. D’ailleurs, qui n’a jamais entendu un sommelier passionné décrire les émotions procurées par un vin de qualité?
Comme les toiles de maîtres, le vin est donc une véritable création artistique: travail sur la couleur ou robe, la texture, la charpente, la brillance, les reflets, la limpidité, le sens des évolutions, l’émotion en bouche bien entendu… Tant d’aspects sur lesquels le créateur de vin se penche avec ferveur pour délivrer chaque cuvée avec sa part de surprises que Dame Nature nous réserve avec bienveillance ou facétie…
Ces émotions sont diverses, et le vin se décrit en une multitude d’adjectifs avec souvent une dimension poétique voire ésotérique.
A partir d’ici l’on se rend compte plus profondément des liens particuliers que l’on peut encore sentir entre le vin et la peinture. Cette dernière qui mit si souvent en sCène ce premier avec toute la symbolique qu’il porte d’un âge et d’une civilisation à l’autre. Symbolique dont la représentation a évolué au cours du temps.

Lisons à ce sujet quelques lignes d’Olivier Soulier qui a su joliment formuler une approche du sujet :

Depuis l’Antiquité, le vin est marqué par la symbolique et, encore aujourd’hui, dans notre société, il révèle notre esprit, selon notamment son procédé de fabrication…

Olivier Soulier

L’histoire du vin est intimement liée à l’histoire des civilisations.

Le raisin apparaît il y a 65 millions d’années, et le vin probablement en 9000 avant J.C. La culture de la vigne est contemporaine de la sédentarisation, comme celle du blé et du riz, contrairement aux épices et au sel qui seront les grands moteurs de voyages, conquêtes et découvertes. La mythologie résume déjà toutes les clés de la symbolique du vin.

L’histoire symbolique du vin

Le vin est associé à autant de Dieux et de mythes. La déesse sumérienne Gesthin associe le vin à la mère, source de vie. L’arbre de vie et la vigne sont donc étroitement liés.

En Egypte, Osiris qui règne sur le monde des morts est aussi Dieu du vin. Après la vie, le vin devient étroitement lié à la mort : la vie, l’ivresse, la mort.

Chez les Grecs, le symbole s’étend encore, Dionysos, Dieu de la vigne et du vin est aussi Dieu de la folie. Les grecs apprendront à gérer ce vin folie vérité par des règles de savoir boire : ou comment concilier in vino veritas et les discussions philosophiques…

Chez les Romains, il devient Bacchus, entre les fêtes, la débauche et l’orgie.

Tous les symboles sont déjà là, fécondité, mort, et entre deux, plaisir, vérité, philosophie, folie. Depuis la nuit des temps, le vin réjouit notre être, source de vie, il exalte les passions des hommes, et adoucit ses peines.

 

La légende de Saint Dionysos

Saint Dionysos, trouvant sur son chemin un bout de bois, le ramasse et l’abrite dans un os d’oiseau, qu’il introduit ensuite dans un os de lion, pour enfin tout mettre dans un os d’âne. Arrivé à Naxos, une île grecque, il plante le tout, et la première vigne se met à pousser.
Voilà pourquoi les buveurs de vin commencent par pépier comme des oiseaux, puis deviennent forts comme des lions, et finissent bêtes comme des ânes.

Dans la Genèse, Noé nous montre que pour accéder à la vérité du vin, il faut avoir traversé le déluge, mais aussi intégré tous nos animaux intérieurs, images de nos pulsions et de nos émotions. Ses enfants qui n’ont pas fait ce travail n’y verront qu’ivresse, folie et impudeur.

 » … ceci est mon sang « 

Le Christ dans la Cène dit : “Ceci est mon corps, ceci est mon sang”. Il en fait le symbole de son sang (le sang est le résumé du psychisme). Il nous propose ainsi la véritable connaissance (“Je suis le chemin, la vérité et la vie” Jean 14,6).
Le vin reste intimement lié avec l’autre symbole de la sédentarisation et de la civilisation : le pain, issu du blé. Le vin a ensuite inspiré de nombreux auteurs qui n’ont fait qu’illustrer toutes ces idées déjà présentes : Homère, Aristophane, Thasos, Athénée, puis Ronsard, Rabelais, Molière, Dumas, Baudelaire, illustreront merveilleusement toutes les nuances du vin et de l’ivresse.
Les mystiques parleront de la transe religieuse comme d’une ivresse sans boire.

 

Le courant qui s’est naturellement imposé dans cette connexion du vin à la peinture, est l’impressionnisme, ce courant du XIXème, comme le nom de « Vinpressionniste » l’indique.
Peut-être car c’est ce siècle charnière en bien des aspects (politiques, économiques, culturels…) avec leurs répercussions sur la peinture, qui ouvrait le plus de perspectives dans la recherche inconsciente du compromis entre esthétique pure que l’on pourrait qualifier de classique, et abstraction initiatique dans la recherche de vérités.
Chaque création réunissant donc une œuvre-vin et une œuvre-peinture constituera dès lors un objet d’étude symbolique et émotionnelle.

Du concept à la mise en bouteille